Les pêcheurs, époque de la pierre polie
Inaugurées en juillet 1898, les nouvelles galeries d’anatomie comparée et de paléontologie sont au Muséum les premières à donner à voir l’évolution. Si la muséographie est innovante, le riche programme sculpté et peint du bâtiment réalisé par Ferdinand Dutert répond aussi à cet objectif.
Pour la décoration des murs et du plafond de la salle de cours, l’État commande en 1893 au peintre Fernand Cormon, spécialiste des scènes préhistoriques, un cycle sur l'évolution des animaux et de l’Homme depuis la préhistoire jusqu’à l’âge du fer. Ses peintures, dans lesquelles figure une reconstitution du mammouth de Durfort, dont le squelette est une des pièces phares de la galerie de Paléontologie, présentent la domination progressive de l’Homme sur son environnement grâce à la taille du silex, l’apprentissage de la poterie, la maîtrise du fer et du bronze, et le développement de l’agriculture. Nourri de la lecture des ouvrages de Charles Darwin et d’Albert Gaudry, l’artiste s’inspire aussi des récits des explorateurs et de l’observation des techniques traditionnelles.
Présentée aux murs de façon didactique, la même vision progressiste s’exprime au plafond dans une version allégorique, portée par les conceptions raciales de la fin du XIXe siècle : au sommet d’une spirale ascendante avançant vers la civilisation et le progrès, l’Homme moderne représenté sous des traits aryens relègue dans l’ombre les races préhistoriques et primitives.
Alice Lemaire